L’histoire et les particularités actuelles de la Montbéliarde n’auraient pas été les mêmes sans les caractéristiques de son territoire d’origine. Au fil de l’eau, dans un massif jurassien au climat continental, les éleveurs ont gardé les animaux les plus rustiques, résistants aux hivers longs et rigoureux. L’importance des prairies et la faible quantité de céréales disponibles ont conduit les éleveurs à choisir des vaches qui valorisent au mieux l’herbe. La vache Montbéliarde est issue d’un croisement entre trois races : la Fémeline et la Taurache ou Comtoise, deux « races à tout faire » qui sont utilisées en Franche-Comté au 18ème siècle et la race de Berne venue de Suisse.

La tradition fromagère de la Franche-Comté n’est pas étrangère à la typicité de la Montbéliarde. Dès le XIIIe siècle, sur les hauts plateaux, la collecte et la transformation du lait étaient structurées dans le cadre de fromageries. La nécessité de ravitailler ces structures coopératives, qui se sont multipliées après 1900 même en plaine, explique la nette orientation laitière de la race. Par ailleurs, l’exigence ancestrale des fromagers pour la matière noble du lait et leur proximité avec les producteurs adhérents vont conduire à une forte pression pour obtenir une amélioration de la qualité du lait. Suite à de multiples actions menées par les éleveurs et les élus de la région Franche-Comté, la Montbéliarde est reconnue comme race officielle en 1889, au cours de l’exposition universelle de Paris.

La Montbéliarde est la seule race (avec la Simmental) habilitée à produire le Comté AOC, depuis 1958. Cette race de vache, qui est aujourd’hui la 2ème race laitière de France, est avant tout reconnue pour ses qualités laitières. En France, elle est majoritairement utilisée dans les exploitations agricoles de Franche-Comté, sa région d’origine. En effet, près de 95 % du cheptel de cette région est représenté par cette race. Elle est aussi très présente dans les régions Auvergne et Rhône-Alpes, également dans l’ouest de la France. Aujourd’hui, la France compte près de 1 150 000 bovins montbéliards, dont 590 000 vaches. La race Montbéliarde est intimement liée à la production de fromages d’Appellation d’Origine Contrôlée. Sa viande est également très prisée par les consommateurs pour son authenticité et son goût et représente à ce titre l’un des fleurons de l’élevage français. On retrouve la montbéliarde dans les fromages AOP suivants : Abondance, Bleu d’Auvergne, Bleu de Gex, Bleu des Causses, Bleu du Vercors-Sassenage, Cantal, Chaource, Comté, Époisses, Fourme d’Ambert, Fourme de Montbrison, Langres, Maroilles, Mont d’Or, Morbier, Munster, Reblochon, Saint-Nectaire, Salers, Tome des Bauges.

La Montbéliarde est une race de grande taille (145 à 150 cm au sacrum), à robe pie rouge, le blanc s’étendant à la partie inférieure du corps et aux extrémités (tête, membre et queue), le rouge de couleur franche et vive, prédominant à la partie supérieure du corps. Tête blanche, les lunettes et les tâches rouges sur les joues sont tolérées. Onglons et muqueuses plutôt clairs. Tête fine, large aux yeux à profil droit, mufle large, encolure dégagée avec fanon réduit, épaule bien soudée, poitrine large et profonde, dessus rectiligne avec une épine dorsale non apparente, une attache de queue peu prédominante, un bassin long et large, légèrement incliné, flanc profond, cuisse descendue, membre d’aplomb, jarrets larges, plats et secs, paturons légèrement inclinés. Une mamelle attachée loin à l’avant, haute et large à l’arrière avec un ligament bien marqué et un plancher horizontal, situé nettement au-dessus du jarret, des trayons réguliers, cylindriques et de taille moyenne implantés au milieu des quartiers et légèrement orientés vers l’intérieur. Le poids moyen des femelles adultes se situe aux environs de 650 à 800 kg. Celui des taureaux de 1 000 à 1 200 kg.

La Montbéliarde est le symbole du terroir franc-comtois, mais on la retrouve dans toute la France et aussi à l’étranger car elle est très appréciée pour sa longévité et sa faculté d’adaptation, elle ne craint ni les contraintes thermiques (froid en altitude ou chaleur dans les pays du Maghreb par exemple…) ni les contraintes structurelles (logettes-caillebotis, bâtiment sous dimensionnés, parcellaires difficiles…). Grâce à sa santé générale qui lui confère une durabilité certaine, elle se plaît aussi bien dans les systèmes intensifs de plaine que dans les exploitations traditionnelles de montagne. De manière générale, les systèmes herbagers ont toute sa considération. C’est grâce à cette facilité d’adaptation que l’exportation d’animaux vivants et de semence de taureaux n’a jamais été aussi florissante que ces dernières années, entre 15 et 20 000 génisses et 950 000 doses ont été exportées chaque année.